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Le blog du sage qui se croyait fou

Edifice de sable

21 Janvier 2014 , Rédigé par Paul Kossak Publié dans #Prose

Dans l'oasis perdu au milieu du désert, pensif à l'ombre du palmier auquel il était adossé, il s'ennuyait. L'idée lui vint alors de créer un chateau de sable. Il avait le temps, il n'avait riend d'autre à faire. Alors, il s'attela à faire le plus grand château de sable qui n'ait jamais existé de mémoire d'homme. Il s'y attela donc durant des semaines, des mois, reprenant son oeuvre, la perfectionnant, jusque dans ses moindres détails.

Enfin, à l'issue de tous ces mois de labeur, il se retrouva à contempler son grandiose édifice de sable, fier et satisfait. Mais la fierté laissa bien vite place à un sentiment diffus d'angoisse et de crainte. Car, il était certain que malgré toute sa beauté et sa magnificence, son oeuvre n'était qu'un tas de sable qui risquait de s'écrouler au moindre vent. Il fallait donc la protéger.

Craignant que son édifice de sable s’écroule au moindre vent, Il avait bâti une muraille. Craignant que cette muraille à son tour s’écroule, Il avait consolidé ses fondations. Craignant que cette muraille soit prise d’assaut par des âmes jalouses, Il y avait accolé des miradors.

Alors, le jour, Il veillait, attendant de pied ferme quiconque oserait lui voler son précieux bien. La nuit, dans l’intimité des ténèbres, Il redescendait et contemplait cette œuvre éphémère qu’Il voulait pourtant voir perdurer au delà des siècles.

Puis un jour, Elle arriva. D’abord minuscule silhouette frêle et ondulante, elle apparut au loin. Du haut de sa tour, Il la voyait, de plus en plus distinctement. Sa chevelure sauvage basculait au rythme de ses hanches, alors que d’une démarche féline, elle s’approchait, intriguée  par cet édifice de pierre. Le vent charriait par vagues intermittentes son parfum printanier. Et son cœur s’emballait, sa poitrine battant la mesure au rythme des pas de cette divine créature. Elle était au pied de la muraille à présent. Elle leva la tête et le vit. Un sourire, un seul, fut l’étincelle qui l’embrasa.

Il voulait plonger ses mains dans cette chevelure divine, sentir son odeur, gouter à ses lèvres ! Alors, Il descendit de son mirador, pour aller à sa rencontre. Enfermé à l’intérieur de sa forteresse, Il tourna, encore et encore, à la recherche d’une brèche, d’une ouverture quelconque. Il ne trouva rien. Pas d’issue.

Il avait oublié d’installer une porte…

Il remonta alors car Il voulait admirer la belle, lui dire qu’Il allait trouver un moyen de la faire entrer, afin qu’elle admire elle aussi le bel édifice de sable et qu’Ils le partagent à jamais, tous les deux.

La dernière vision qu’Il eut d’elle, pourtant, fut son dos. Elle s’éloignait à présent, de la même démarche nonchalante qui l’avait amenée jusqu’à lui. Elle disparut à tout jamais en se confondant avec l’horizon.

Pris de rage, Il détruisit alors sa construction de sable, piétinant morceau par morceau l’œuvre pour laquelle Il s’était lui-même emprisonné. Bientôt, Il ne lui restait plus qu’un tas informe à contempler entre les murs de sa forteresse. Et la vision fugace de la Belle qui hantait à présent toutes ses nuits.

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